Le Sri Lanka est une petite île pleine de richesses et de trésors parfois oubliés. L’angampora est de ceux-là. Depuis toujours, la nation cinghalaise a dû combattre des envahisseurs. Certains venaient d’Inde et avaient pour but de conquérir les royaumes ennemis. D’autres sont venus du Moyen-Orient pour se ravitailler en épices, à l’instar des marchands arabes. Les derniers arrivaient d’Europe pour coloniser cette île si éloignée du monde occidental.
Les cinghalais ont toujours cherché à résister à ces invasions venues des quatre coins du monde avec leurs propres armes. C’est ainsi que s’est développé une technique de combat propre au Sri Lanka, appelé angampora.
La légende attribue cette pratique à une tribu endémique du Sri Lanka, Les Yaksha qui auraient établit cette forme de combat il y a plus de 30 000 ans. Selon les manuscrits anciens, toute la gloire est attribuée au Roi Ravana, un redoutable guerrier devenu mythique. Les victoires remportées sur l’ennemi grâce à l’angampora sont devenues célèbres et participent au développement de cet art qui se propagera sur toute l’île.
QU’EST-CE QUE L’ANGAMPORA ?
L’angampora est donc un art martial ancestral pratiqué uniquement à Sri Lanka.
Il y a précisément 2 types de combats. D’une part, une version à mains nues que l’on appelle l’angampora qui comprend 3 notions différentes. Puis, une version armée que l’on nomme l’illangam, beaucoup plus complexe, qui demande la maîtrise de 64 armes différentes.
LES 3 NOTIONS DE L’ANGAMPORA
En langue native, Anga signifie « corps » et Pora « combat ».
Les combattants n’ont pour arme que leurs corps. Ils utilisent des techniques de frappe et de lutte pour se battre jusqu’à ce que l’adversaire soit sous l’emprise totale du combattant, sans aucune échappatoire. Ces techniques sont plus ou moins agressives et sont différenciées en 3 notions.
Première notion : Gataputtu.
C’est une technique par laquelle le combattant cherche à affaiblir ou désarmer un adversaire. Pour cela, il doit réaliser des prises particulières appelées gataya (ex. Kathira Gataya, Diyaballu Gataya).
Deuxième notion : Pora Harammba
Le but de cette notion est de désarmer ou blesser son adversaire.
Cette technique est beaucoup plus agressive et demande la parfaite maitrise de dix-huit frappes offensives et sept blocs défensifs.
Troisième notion : Maru Kala (l’art de la mort)
C’est la notion d’angampora la plus avancée et la plus complexe pratiquée par un nombre très restreint de maîtres gourou.
Cette technique a la particularité d’être plus mystique en permettant l’utilisation de sorts et d’incantation pour le combat. Elle permet aussi la maîtrise d’attaques de points de pression pour infliger une douleur immense ou paralyser l’adversaire voir le tuer.
L’ILLANGAM, LA VERSION ARMEE
Dans cette variante de l’angampora le combat implique l’utilisation d’armes autochtones ancestrales dont trente-deux sabres ou épées.
Cette forme de combat est destinée à un public très restreint et demande la maîtrise complète et parfaite de soixante-quatre armes (épées, dague, bâton, arc, lance, hache, etc.)
Quel que soit le type de combat, l’apprentissage se fait étape par étape. Il faut maîtriser complètement la première notion pour passer à la suivante et ainsi de suite jusqu’à l’illangam, la notion ultime qui permet de passer au rang de maître gourou et donne le pouvoir d’enseigner cet art à d’autres adeptes.
DE NOS JOURS
Aujourd’hui il est toujours possible de s’exercer à l’angampora, mais ceci demande beaucoup de rigueur et de précision. Seul un maître gourou est autorisé à enseigner ces différentes techniques de combat, qu’il se doit de maitriser à la perfection. L’angampora demande donc des années intenses de pratique.
Les entrainements se préparent consciencieusement et se déroulent dans une sorte d’arène, en sable ou terre battue de couleur ocre. C’est un art qui fait entièrement partie du patrimoine sri lankais et qui a presque failli disparaître avec l’arrivée des Britanniques en 1815. Effrayés par cette pratique radicalement efficace qu’ils ne maitrisaient pas, ils feront interdire cette technique de combat. Ceci leur permettra de préserver un avantage militaire avec leurs armes à feu.
Un art perpétuel
Si aujourd’hui cet art du combat n’a pas entièrement disparu, c’est grâce à quelques familles qui continuèrent, dans le plus grand secret, à initier quelques adeptes.
Il faut aussi noter le rôle joué par la danse. Les danseurs vont délibérément incorporer quelques mouvements d’angampora (gataputtu) dans leurs chorégraphies et ainsi permettre de conserver une partie de ce savoir ancestral de combat. Ces mouvements font aujourd’hui encore partie des spectacles de danses kandyennes.
Après 150 ans de clandestinité, cette pratique ancestrale n’a rien perdu de son authenticité. Elle renait tout doucement aux yeux des plus fins connaisseurs ou amateurs de sports de combats ancestraux. Au Sri Lanka, les adeptes sont peu nombreux, mais les techniques sont désormais enseignées aux militaires sri lankais.
C’est un sport de combat comme le karaté ou le kung Fu qui est accessible aux hommes comme aux femmes. Les entraînements sont assez physiques et requièrent souplesse et confiance en soi. Les sessions incluent toujours des exercices de méditation et de respiration et commencent toutes par un rituel traditionnel devant les effigies de Bouddha et du Roi Ravana.
Profitez de votre séjour au Sri Lanka pour découvrir l’angampora et pourquoi pas vous initier à cet art martial ancestral !